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PUISSANCE DANS UN TORE MAGNÉTIQUE


       Denis Heitz F6DCD - f6dcd@orange.fr

       Les tores en ferrite ou en poudre de fer sont largement   Cet hystérésis résulte de l’énergie dissipée dans le matériau
       utilisés par les OM. Leurs dimensionnement et choix sont   lors d’un cycle de charge / décharge d’énergie magnétique
       assez  faciles  aux  petits  signaux.  Cependant,  dans  les   dans celui-ci.
       applications de puissance cela devient  plus compliqué.   À partir d’un certain seuil Hs, le matériau sera totalement
       C’est d’ailleurs la lecture de l’article «  Un seul coaxial   aimanté et B atteint sa valeur de saturation Bs.
       et quatre antennes… » (F5NB et F5PCX ; R-REF juin 19,
       p. 26  -  29)  qui  m’a  amené  à  développer  ce  sujet.  2. RÉGIME STATIQUE
       Très intéressant par ailleurs, l’article mentionné contient  Lorsque la bobine est parcourue par un courant continu I,
       quelques confusions et inexactitudes dans l’approche des  on impose dans le circuit un champ
       pertes dans les noyaux ferromagnétiques. Nous allons voir  H = 0,4 . π . N . I / le
       ici comment évaluer le champ maximum dans un tore.
                                                             avec : H en Oe, I en A, le en cm (longueur équivalente des
       1. CIRCUIT MAGNÉTIQUE                                 lignes de champ) et N le nombre de spires.
       Un tore constitué d’un matériau ferromagnétique (ferrite
       ou  poudre  de fer)  sur  lequel  on  bobine  un  enroulement  Si ce courant est constant, le point de repos du circuit
       électrique forme un circuit magnétique. Le courant  I  sera fixé par les valeurs (H  , B ) en vert en figure 1.
                                                                                           DC
                                                                                      DC
       dans la bobine crée  le champ magnétique H dans son   Il n’y a pas de pertes dans le matériau magnétique mais
       voisinage. L’essentiel de ces lignes de champ est canalisé  uniquement dans la bobine.
       dans le tore. Elles donnent naissance à un flux magnétique  3. RÉGIME DYNAMIQUE
       Ф proportionnel à la section Ae du tore et à l’induction B.  En RF, le régime dynamique le plus fréquemment utilisé est
       On a :                                                le régime sinusoïdal. Dans la majorité des cas, on travaille à
       Ф = B . Ae ; B est aussi appelé densité de flux.      flux forcé (on impose une f.é.m. E aux bornes de la bobine).
       B = µ . H ; µ est la perméabilité et dépend, entre autres, du   L’induction crête s’écrit alors
       matériau et de H.                                     B    = 100 . E / (4,44 . f . N . Ae)
                                                               max
       Unités :                                              Avec : B   en G, E en Vrms, f en MHz, Ae en cm  (section
                                                                                                       2
       B : tesla (T) ou gauss (G).                           équivalente) et N le nombre de spires.
                                                                    max
       H : ampères par mètre (A/m) ou oersted (Oe).
                                                             En  figure  1, la courbe en rouge indique le lieu de
       Le système CGS (G et Oe) est souvent utilisé par les anglo-  déplacement  de  (H  ,  B)  dans  ce  cas.  On  a  ΔB  =  2B  .
       saxons.                                               S’il n’y a pas de composante continue, cette courbe sera
                                                                                                             max
                                     -3
       On a : 1 T = 10  G et 1 A/m = 4 π 10  Oe.             centrée sur l’origine O du graphe.
                   4
                                                             En régime dynamique, on aura des pertes par :
                                                              effet Joule dans la bobine,
                                                              hystérésis dans le matériau magnétique,
                                                              courants de Foucault induits dans ce dernier.
                                                             4. LIMITATION DE LA PUISSANCE DANS LE CIRCUIT
                                                             La  puissance  maximale,  ou  plutôt le champ  maximum
                                                             dans le tore est essentiellement limité par les pertes
                                                             citées ci-dessus. Nous supposerons que des conducteurs
                                                             correctement dimensionnés permettent de négliger les
                                                             pertes Joule dans ceux-ci. Une autre limitation est due à
                                                             la saturation du tore.
                                                              Pertes magnétiques (hystérésis et Foucault)
                                                             Elles  ne  sont  dues  qu’à  la  composante  RF  et  sont
                                                             proportionnelles à l’aire de la courbe rouge en figure 1.
                                                             Elles augmentent donc avec B max  mais aussi avec f.
                                                             Le problème est l’échauffement produit dans le tore.
                                                             De nombreux paramètres sont affectés par la montée en
        Figure 1 : Caractéristique B = f(H)                  température et il ne faut surtout pas atteindre le point de
                                                             Curie (perte des caractéristiques magnétiques). Amidon
       La  figure  1 représente les variations de B en fonction   conseille [1] de ne pas dépasser une température de 75 °C
       de H. La courbe en pointillé concerne la première     en régime continu ou 100 °C par intermittence. Pour cela,
       aimantation, lorsqu’on  part d’un matériau non aimanté.    il préconise de ne pas dépasser les valeurs de B max  en
       Ensuite, lorsqu’on varie H alternativement, on décrit la   tableau 1. Ces valeurs approximatives valent pour les deux
       courbe noire fléchée selon un cycle d’hystérésis.     types de matériaux.

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