Page 81 - THF
P. 81

Mon             futur PA                    15 W 10 GHz


        ne chauffera pas trop !


        André Jamet F9HX

        1. Introduction                                                             Figure n° 1

        La mode est aux gros PA en SHF car F6BVA fait des émules  .
                                                          [1]
        C’est à qui veut réaliser un 15 W ou un 30 W à 10 GHz et
        aussi celui sur 5,7 MHz. Le 15 W 10 GHz de F5BQP est un
        exemple d’une parfaite réalisation et qui donne des résul-  Figure 1 : Dissipateur  longueur 100 mm   largeur  80 mm    ailettes : 46 mm
        tats de mesure très précieux  . Un point important n’a pas
                                  [2]
        été soulevé jusqu’ici : le refroidissement de ces PA.
                                                              3. Alors que faire ?
        2. Quel est le problème ?
                                                              Ces températures ne sont atteintes qu’après une montée
        Il est bien simple : leur rendement est très faible et la puissance   progressive compte-tenu de l’inertie thermique de l’ensemble
        perdue est grande. Pour ne pas atteindre des températures de   soumis à la chaleur. Comme on le verra plus loin, cette cons-
        jonction excédant les valeurs maximales données par le fabri-  tante de temps atteint plusieurs minutes. Si l’on n’est pas
        cant, il est obligatoire de bien évacuer les calories produites.   bavard, ou si l’on ne transmet pas longtemps pour un QSO
        Prenons un exemple pour situer l’ordre de grandeur de ces   difficile, cela peut être acceptable. Par sécurité, il faut
        pertes. Le PA 15 W 10 GHz consomme en statique, sans   cependant avoir plus de marge pour la durée de transmission.
        entrée et donc sans sortie HF, environ 4,6 A sous 12 V, soit   On peut augmenter la taille du refroidisseur et choisir un
        55,2 W. C’est le meilleur compromis choisi par F5BQP. Le   modèle de résistance thermique plus faible.
        courant va croître à 6,3 A pour 15 W de sortie mais la dissi-  Alors, cela devient gigantesque et très lourd. Le modèle que
        pation du transistor final ne va pas augmenter comme son   j’ai choisi ci-dessus est déjà une belle bête. Quand on exa-
        courant, car il va délivrer de la HF. Ce fonctionnement en   mine les photos de F6BVA pour le 15 W, on peut estimer
        classe AB est très intéressant car il réduit le courant de   une pièce de 100 mm de hauteur, 240 mm de longueur et 50
        repos au prix d’un gain plus faible et une moins bonne   mm d’ailettes, servant de face latérale au coffret. C’est une
        linéarité. En SHF, les modes numériques qui exigent une   solution excellente car elle évite que la plus grande partie de
        excellente linéarité ne sont pas encore très répandus.    la chaleur reste dans ce coffret.  Mais, quel encombrement
        Considérons que ce point de fonctionnement est le cas pire   et quel poids ! Certains vont penser aux modules à effet
        pour les pertes à évacuer.                            Peltier et aux caloducs, chers et peu pratiques.
        J’ai choisi un dissipateur (figure 1) dans les catalogues de   Voici ma solution: la convection (ventilation) forcée, simple,
        distributeurs de composants électroniques et j’ai trouvé un   efficace et peu couteuse.
        modèle qui m’a semblé adéquat. Sa résistance thermique
        est de 1°C/W. Pour 55,2 W cela veut dire un échauffement de  4. Vous avez dit « thermodynamique » ?
        55,2 °C. Si l’ambiance est de 30 °C, cela met la surface du   Le processus de transmission de la chaleur est au moins
        dissipateur à
                                                              aussi compliqué que celui de nos ondes radio.  Mais, l’usa-
        t surface  = 30 + (1 x 55,2) = 85,2 °C                ge d’un cours magistral de thermodynamique n’est pas
        Compte-tenu des résistances thermiques diverses qui se
        trouvent sur le trajet jonction du transistor et surface du   nécessaire. Quelques bons principes et du bon sens suffi-
                                                              sent  [2,3] .
        refroidisseur, on a (figures 2 et 3) :                Pour « arracher » des calories à un dispositif transformant
        t jonction = t ambiante  +  ( Σ résistances thermiques diverses  x P)   une énergie en chaleur, trois modes sont utilisés, le plus
        t en °C,  les résistances thermiques en °C/W  et P  en watts.
        Pour le transistor final, sa résistance thermique interne est   souvent conjointement  (figures 2 et 3) :
        de 2 °C/W et sa fixation apporte 0,1 °C/W de résistance. La   • la conduction
        résistance thermique du fond du boitier en alu fraisé est  • la convection
        donnée par : R th fond  = L / ( λ A) avec             • le rayonnement.
        λ = 0,22 W.cm .K pour l’aluminium                     Dans notre cas, le premier mode est celui qui conduit la cha-
                       -1
                    -1
                                                              leur de la jonction du transistor successivement jusqu’à la
        L = épaisseur du boitier sous le transistor : 1 cm    surface du dissipateur. Le second est l’évacuation de la chaleur
        A= surface du transistor : 1,2 x 1,2 = 1,44 cm 2      par transmission à l’air ambiant. Le troisième est l’évacuation
        R th fond  = 1/(0,22 x 1,44) ≈ 0,3 °C/W               par rayonnement, dans l’infrarouge pour les températures
        Le transistor débite 3,5 A  (valeur statique minimale recom-  inférieures à 500 °C, aux milieux entourant la source de chaleur.
        mandée par F5BQP) sous 8,5V.
        Il doit dissiper :                                    La conduction est favorisée par un bon contact thermique
        P perdue  = [(8,5 x 3,5)] = 29,75 W  et :             entre la source de chaleur et les éléments chargés de la
        t jonction  = 85,2 + [( 2 + 0,1+0,3) x 29,75 ] ≈ 157 °C  convection et du rayonnement. Pour éviter des poches d’air,
                                                              mauvais conducteur de la chaleur, on interpose un soupçon
        La température limite de jonction donnée par le fabricant est   de graisse ou de compound ad hoc entre la semelle du
        de 175 °C. C’est donc trop proche de cette limite.    transistor et le dissipateur.
        Pis encore, le côté composants du circuit imprimé va être   La convection est liée aux caractéristiques du fluide provo-
        porté à une température élevée puisque sa face cuivre est   quant la convection, air ou liquide et sa vitesse, naturelle ou
        proche de 85,2°C.                                     forcée.
        Alors les condensateurs au tantale ne vont pas apprécier
        d’avoir les pieds au chaud !

                                                          81
   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86